jeudi 22 avril 2010

Du transat au lit, et inversement

Elle disait, le soir et donc en confidence, oui mais tu vois les autres et pourquoi pas nous. Elle n'a pas dit ça 807 fois mais suffisamment pour donner l'impression de s'approcher de ce total. Je lui répondais que oui mais tu comprends. Je ne lui ai pas dit ça 807 fois non plus, vu qu'elle-même, etc. Toutefois c'était sympa. On discutait. Tranquillement.

Puis nos quiètes causeries d'ordre général tarirent, et elle en arriva sur du particulier. Non mais c'est pas normal que Chevillard publie son blog en bouquin, déjà que c'est à peine moral, alors que toi tu y as contribué et tu t'en fous, tu vois, je veux dire, dans ma tête, je sais pas comment dire mais c'est pas normal. Je lui ai répondu que pour ma part je trouvais ça assez dans les règles, vu que Chevillard c'était Chevillard, et nous, juste nous. Mais nous qui, elle a dit, et le blog de quoi ? Comme ces choses n'étaient pas très claires dans mon esprit, je lui ai répondu que je ne savais pas, précisément, mais que d'un autre côté personne n'allait mourir. Si ça pouvait la rassurer.

Elle m'a répondu que ça ne la rassurait pas du tout, et qu'en plus elle connaissait une bonne copine à elle qui avait écrit dans ce blog à qui le soir son mari disait mais enfin chérie je comprends pas tu publies des trucs vachement géniaux et c'est pas publié. Ben si disait sa copine à son mari, vu que ça existe sur Internet. Sur Internet, sur Internet, disait son mari, mais y'a tout sur Internet, sauf l'essentiel. T'as déjà vu le Tao Te Kin sur Internet, toi ? Oui, répondait la copine, et du coup ça dégénérait parce que le mari expliquait que le Tao Te Kin sur Internet c'était nécessairement de la daube, ou en tout cas faux, pour ne pas dire approximatif. C'est pas ça le problème, disait la copine, c'est juste que c'est dur à traduire, sur Internet ou pas.

Dérogeant pour une fois au cadre du triptyque, les éditions du Transat, dont le projet est si peu clair qu'il milite pour la paix des foyers, propose en version papier la saison un des 807. Le reste (les coucheries, les algarades, les sandwichs au saucisson en rétorsion, la vie comme elle va) ne leur appartient pas. Mais si, me dit son mari un soir en confidence, puisque etc., et en plus j'ai un autre copain qui dit que sa femme dit que, etc. Clap de fin, silence, et lecture potentielle.

(Note de FG : Le livre des 807 est disponible depuis quelques jours sur thebookedition.com)

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