vendredi 24 septembre 2010

#197 – Peines de cœur

Chaque pas est une montagne, se lever, pas plus rester figée des os. Descendre les étages, cramponnée à la rampe et à chaque avancée, le vertige d'une marche obscure ainsi que la trouille de se ramasser. Devenir la chute. Se rétablir le palpitant lourd. Chaque pas, une distance qui rétrécirait celle qui me sépare de toi. Trop large muraille d'air. Se lever, cheminer, te rencontrer. Entrer dans le pays des humains en me trimballant jusqu'à toi. Viens donc, ma carcasse. Lève-toi donc. T'es même pas en haute montagne. Rappelle-toi quand t'es arrivée au camp de base de l'Everest. Ce crépuscule blême qui t'avait vidé les tripes. Chaque pas plus lourd que le précédent qui pesait déjà sa tonne, le sommet qui n'attendait que moi...


Le gris des pierres... Je voulais voir Chomolunga, le mythique triangle noir aux parois abruptes, l'ascension ultime, contempler en face ce sommet, du même regard ému que je te regarderai... si bouger devenait possible...


Lève-toi et marche. Contracte le mollet, fais craquer les rotules. Reviens mon envie, même pas une grande envie, même une toute petite flamme suffirait. Effondrée, tremblotante… Bravo, j'arrive à tenir debout et le coeur bat la mesure et chaque pas commence un nouveau chemin. (Quelle est encore la distance qui nous sépare ?) Tchabou, le battement intérieur fait résonner mon thorax, sursautements. Le chemin se poursuit. Mon pied suspendu au-dessus du sol fait déferler un silence où vibre un écho, l'envol lointain de 807 mouches. Le pas suivant, une porte s'ouvre, klic. Aspirée dans un espace obscur et suintant, je titube pour de bon. Mon coeur change de rythmique, il me lâche, pour de bon.

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