vendredi 24 décembre 2010

#288 – Digitales

Souviens-toi de ce que je ne t’ai pas encore fait. Murmure-moi que tu t’en rappelleras, même si la mémoire s’efface, le sentiment subsistera, flottant et nous enveloppera comme un rêve, engluant nos facultés de bouger. Au-delà du vent, même dans la fatigue de novembre qui grignote, ce qui reste, c’est nous.


Souviens-toi qu’il y en avait de toutes sortes, elles s’étalaient du langoureux au griffu, leur pression jouait aussi, on s’en enveloppait de façon éphémère car elles scellaient notre pacte.


Sans intermittence les liens se dénouaient, les chairs se scarifiaient, l’avenir avait mauvais goût, on les tentaient paumes ouvertes dans la pénombre d’un crépuscule frissonnant, les osait dans des lieux peu fréquentables, elles nous marquaient sans laisser de traces. Difficile de convoquer les mots : les décrire devenaient plus difficile que de traverser le désert de Gobi sans eau ; les nommer était plus paralysant que d’errer en Antarctique nus-pieds ; les invoquer plus casse-tête que de reprogrammer le Big Bang. Ceux qui les fuyaient avaient la peau craquante des lézards. Elles cautérisaient les tatouages encore chauds... on ne s’en vantait pas, les confessait parfois à mi-voix. On conservait leur réalité loin après leurs apparitions. Elles nous cernaient, parlants d'immanence et de la douceur d'être réunis, elles nous rassemblaient et nichaient les têtes au chaud dans les épaules, au chaud. On n’en n’avait jamais assez et nos désirs d'elles subsisteront après 807 oublis. On n’en pouvait plus d'elles.

2 commentaires:

  1. Pour 2011, comment faire pour lire 807 fois un billet de Camille Philibert?
    Vrai, c'est toujours un régal.

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