mardi 4 janvier 2011

#293 – Solitude

8. Huit corbillards chargés de leur cercueil attendent dans le vent frisquet de l’aube. Huit morts bien sagement alignés sur la place devant la morgue frileuse attendent que l’on veuille bien s’occuper d’eux. La fumée des cigarettes des convoyeurs oscille en longues volutes pâles vers le ciel qui commence à s’éclairer.


0. Personne n’est venu accompagner les partants, ni parents, ni amis, ni simples curieux. Pas même quelque livreur de fleurs. Il est trop tôt, il fait trop froid. De toute façon, les morts sont morts, ils s’en contrefichent bien des vivants.


7. Sept corbillards ont démarré en même temps. Au prochain carrefour, ils se sépareront. À chacun son cimetière. Le huitième est resté sur le parking de la morgue. Son conducteur avait omis d’enclencher le réveil la veille au soir. Il dort encore. Et le mort, bien sage, attend tout seul, là, comme un con.

2 commentaires:

  1. Eh oui ! Le sort s'acharne toujours sur ceux que le malheur accable déjà. C'est dans le désordre des choses. Mais ne soyons pas désolés pour eux, les morts n'expriment rien ; ce sont les vivants qui leur prêtent chagrin et affliction. Car "la mort, c'est un peu comme une connerie : le mort, lui, il ne sait pas qu'il est mort. Ce sont les autres qui sont tristes. Le con, c'est pareil".
    Joli l'acrostiche Yvonne ! Amie de la poésie, bonjour !

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  2. 8 morts et 0 vivant. Mais c'est toujours comme ça. L'humanité a bien plus de morts que de vivants !
    Faudrait exiger l'immortalité !
    Macabrement désopilant. Bravo !

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