samedi 30 avril 2011

Bientôt dans les bacs

Bonne nouvelle pour les fans de Johny Shine ! Le rocker texan nous offre enfin un nouvel album à la hauteur de son talent, subtil cocktail d’un rock incendiaire et d’un blues 100% roots. Keep cool, old rebel! est sans doute son meilleur opus depuis Shine on/Shine off. On y retrouve le fennec psyché d’Austin au meilleur de sa forme. Riffs saignants dans Guns don’t laugh ou Is that you? , aux allures de rock garage teintés d’accents hendrixiens, guitares ciselées et intimistes comme dans One more fix, blues lent et hypnotique au climat d’apocalypse, ou encore Gimme that stuff dreams are made of, lourd et graisseux à souhait. Et cette voix, toujours un peu plus éraillée par le temps et les excès en tous genres, mise au service de lyrics qui sont autant de perles d’écriture : à écouter de toute urgence, Hanged over, description surréaliste d’un lendemain de cuite, ou No beer, no love, réflexion désabusée sur les rencontres d’un soir. Quant au single, 807, que dire d’autre sinon qu’il s’agit d’un pur joyau ? Pas de doute, Johny Shine en a terminé avec sa traversée du miroir...


vendredi 29 avril 2011

Les tourments d'Éric Chevillard



Levé à l’aube, j’ai démarré ce matin l’entreprise si souvent différée qui devait compléter l’enquête que je mène depuis un certain temps déjà sur un large pan de l’œuvre d’Éric Chevillard et, plus spécifiquement, me permettre de saisir la raison pour laquelle il s’était arrêté là de son décompte, 807, un mardi de janvier, dans ce qui devait être à l’évidence un jardin sous cloche ; pourquoi l’homme a reconduit une telle entreprise un jeudi de septembre – de la même année – au prétexte qu’il souhaitait connaître le monde – dans une pelouse cette fois-ci ; pourquoi il a demandé un jour de novembre – alors que les prés sont maigres – sa réadmission dans le pavillon des aliénés qu’il n’aurait jamais dû, dit-il, quitter ; pourquoi enfin cette œuvre qui l’effraie tant, son œuvre l’a conduit tout naturellement à soupçonner qu’elle était celle d’un autre. Je vous passe le détail. L’homme est aux abois, incertain de l’avenir. Pourra-t-il achever cette œuvre qu’il dépose brin à brin dans les rayons des bibliothèques du monde avant que celles-ci, si tôt déjà et il le sait, ne soient désherbées par les mains inexpertes de quelques fonctionnaires qui, tout comme lui, n’auront su de leur vie distinguer le merle au chant humide du corbeau aux sinistres présages ? Il ne reste à cet homme rien d’autre que la dérision en porte-à-faux, celle de l’homme tard venu qui découvre à la fin la confusion dans laquelle il fut, dernier cri de la littérature de pavillon, lorsque le génie se réveille et prend conscience avec effroi qu’il aurait pu ne pas être le premier serviteur des écrivains des pelouses, mais l’Alexandre de ceux des pâtures, celui qui dénoue, se dresse avec hardiesse au milieu du pré, deux poignées d’herbe portées au ciel, ultimes offrandes adressées à Dieu qui connaît le secret chiffré de ses tourments.

jeudi 28 avril 2011

Réglement de comptes

Toutes les fées du royaume de l'édition sont au bord de la crise de nerfs : laquelle aura le privilège de jouer la mouche du coach auprès d'Éric Chevillard ?


Laissez donc les kalachnikov au vestiaire, tel Pâris, Franck est là pour arbitrer le conflit. Les maigres brins d'herbe de sa pelouse, une fois séchés, devraient lui permettre d'éviter la guerre des trois en deux cent soixante neuf courts tirages.

mercredi 27 avril 2011

Naissance de l'écriture du 807

Pendentif portant un signe signifiant. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Pendant_EN_Louvre_AO7702.jpg

Il avait une grande disette prévue dans les jours précédant la grande visite du roi Gilgamesh causée par l’afflux des curieux venant de toute la Mésopotamie pour assister à l’événement. Il fallut stocker, garder, énumérer, concevoir un mode de faire permettant une gestion des richesses céréalières et comme il avait fallu 807 grains de blé pour la création d’une recette de galette spéciale fêtant cet étonnant moment historique, on grava sur les tablettes d’argile, avec le roseau, ce signe qui nous hante encore aujourd’hui. Hors, une réalité, elle-même en relation avec un mot d’une langue déterminée est portée par un ensemble de signes graphiques naturellement perçus comme l’expression visible de la globalité du signifiant linguistique. En d’autres termes, grâce au fruit immédiat et irrémédiable du système prouvant qu’une simple écriture de signes est capable de rendre les segments d’un discours en relation avec une quelconque activité gestionnaire, on comprend l’irrémédiable aboutissement graphique de ce système par désir de mémoire historique, non sans être accompagné, nombre de détails le prouvent, par un système phonique concomitant. L’exemple du signe GI est de ce point de vue tout à fait révélateur. En effet, dès ses plus anciennes attestations, le signifiant de ce signe représentant un « roseau » est utilisé sur le principe du rébus pour rendre un terme homophone. GI signifiant en sumérien « recette » et non pas soldat de tribu étrangère comme il le devint bien des siècles plus tard dans une région voisine du pays sumérien... quoique...

mardi 26 avril 2011

Vieillissement précoce des corps roses

Il y un an de cela, sur la table à langer, Cornaline faisait moins la maligne.


Et quelles autres trouvailles, dans 807 jours ?

lundi 25 avril 2011

Un papillon de tissu

Ils étaient 8 : les 2 mariés, les 2 témoins, les 4 parents. C’était le mariage le plus restreint que l’adjoint au maire avait jamais vu ! Le minimum syndical. Ils n’avaient donc aucune famille, aucun ami, ces gens-là ? Et le repas de noce ? Et la fête, oui la fête ? De quel teneur allait-elle être ? Le brave administré osait à peine y penser... Pourtant, elle était jolie la mariée, dans sa petite robe blanche toute simple, sans traîne, sans voile mais avec un beau papillon de tissu dans les cheveux. Et le marié, à l’étroit dans son costume bleu marine la dévorait des yeux...


Aucun enfant n’est venu agrandir leur famille, n’est venu illuminer leur bonheur déjà là. 0. Aujourd’hui ils sont 7 : le marié, engoncé dans son costume bleu marine, les 2 témoins, les 4 parents. Ils pleurent. Ils pleurent la jolie mariée qui a quitté sa robe blanche pour aller rejoindre les anges du ciel. Sur la tombe refermée, un papillon de tissu est posé...

dimanche 24 avril 2011

Nuit garou

Dans cette nuit absente de lune, on n’y voit goutte. On avance à l’oreille, dans un raclement de gravier. Du plat sous les semelles. La route. La sueur dégoulinant jusqu’aux tempes, courir, courir, yeux écarquillés pour déchiffrer les ombres, nos enjambées s’étirent sans fin... Sur la droite, une branche craque. Tout en courant tourner la tête, 807 feuilles viennent de frémir, deux lueurs percent l’obscurité. Frisson glacé le long de la colonne vertébrale juste de percevoir un grognement. Sans se retourner, foulées sur le goudron, on accélère. Dare-dare la course acide, la course à tout rompre. Des jappements acérés se rapprochent petit à petit. Les mollets brûlent, la bouche s’assèche. La peau perçoit la silencieuse vibration de l'air. Qu'est-ce qui se tapit entre les buissons secs, quel estomac se tord, quelles babines se relèvent. À qui ces griffes qui raclent ?


On jouerait un rôle dans une chasse, un rôle quelconque. Tout est clair comme en plein jour. Quelle odeur de chair réjouissante. On s'expose, on gagne encore du terrain. Rugir ce n’est pas la peine. Avant le bond, se contracter, la fraîcheur de l’air fuse le long du dos, s'exploser, s'élancer, une douceur ouatée amortit l’élan de notre patte gauche. On touche au but. Dans des éclairs de griffe, on déchiquette facile. Faucher ainsi chaque nuit et que jaillisse le flot chaud du festin. Les os se broient facilement. La moelle est délicieuse. On n'a pas rugi, ce n’est jamais la peine. Les crocs sortis, la viande est vie. Des vautours se décrochent la mâchoire dans l'obscurité et ça fait des petits clics.

samedi 23 avril 2011

Johny Shine / down on the road

Dernier accord plaqué, Johny Shine profita des cris et sifflets enthousiastes du public pour se diriger vers la batterie. Là, il se pencha, saisit la serviette éponge qui l’attendait et s’essuya rapidement le front et la nuque. Puis, s’approchant nonchalant du micro, il éleva sa main droite en direction de la foule et, profitant de la soudaine accalmie, lança dans un souffle rauque : The next one’s called : 807...


vendredi 22 avril 2011

N'a jamais été, de toute façon, très people

Dans ce café où j'ai mes habitudes, soudain entre, pull-over marine, jean blue et Converse blanches : Alexandre Jardin. Je l'entends débattre, avec un homme qu'un pilier de bar (en bois) me cache, de trajectoires amoureuses. J'invoque 807 fois mentalement le nom d'Éric Chevillard et rien ne se passe. J'invoque 807 fois en murmurant (certes un peu fort) le nom d'Éric Chevillard et voilà que le bougre tourne à peine la tête vers moi, en me souriant d'un air à la fois étonné et navré. Je sors un de mes 807 exemplaires de Dino Egger et m'avance à pas glissés et par surprise frappe à toutes forces et 807 fois la tête de cet inconvenant !


Me rendant compte, haletant, tremblant, bavant que j'y suis allé un peu fort, je daigne accompagner le mourant aux urgences : après tout, ce n'est pas parce qu'il gâche du papier qu'il n'a pas droit à un filet de respiration. Après deux changements de bus (quelle circulation !) nous arrivons sans espoir à l'hôpital, j'extirpe alors de la masse sanguinolente son portefeuille en daim pour y chercher la désormais bien ironique Carte Vitale, et c'est à mon tour de m'évanouir quand je lis l'état civil du râlant râleur que j'ai sous le pied : Chevillard Éric.

jeudi 21 avril 2011

Réveil

urine et bouteilles cassées
le Bairro Alto
se réveille


Sans bière et sans Pessoa, sans brins d'herbe – fussent-ils 807 – et sans Chevillard, voici que les 807 se réveillent.