dimanche 28 août 2011

Incandescence

Le feu brûle ! 807 tisons s’observent dans le rougeoiement de la flamme ; dans le jardin les fleurs de magnolias exhalent leur parfum chaud et sucré ; une jeune fille observe l’essaim de flammes au clair de la lune d'été. Elle est assise devant le brasero à attendre, incandescente, nue, sur un lit d'herbes folles. Elle espère dans une solitude brûlante l’arrivée de son fiancé ; son cœur s’embrase au rythme des flammèches et se consume ; le brasier, devant, attise son désir ; la lune d’été est elle aussi seule dans le silence de la nuit ; dans le soir lourd la jeune fille s’impatiente, son cœur incendié et flamboyant ne cesse de s'agiter. L’amoureux ne vient pas, et ne viendra pas...


Le feu s’éteint peu à peu ; les tisons ne sont plus que cendres ; c'est une nuit de pleine lune.

samedi 27 août 2011

Les envahisseurs

Bzzz. Au cœur de la nuit, elle émerge de son sommeil. De nouveau bzzz, la mouche agonise, pattes en l’air, univers inversé. L’insecticide agit encore. Pourtant, le gazage était destiné à l’araignée, devant le lit, qui disait vas-y, endors toi. Ils avaient déjà été pénibles sur l’autoroute, à s’écraser sur le pare-brise de sa Mini. Elle avait découvert autant d’espèces que de formes et s’était servi d’une éponge pour enlever cet amas d’ailes et de pattes visqueux qui formait des courbes parfaites. L’essuie-glace n’a pas retiré, ça a mélangé, et comme le soleil durcit les traînées verdâtres, il a fallu gratter. En arrivant, elle avait posé ses fesses sur les pierres chaudes du muret fissuré et ça picotait. Des fourmis dans les jambes. Elle baissa la tête et les découvrit, avec leurs petites pattes fébriles, au bas mot huit cent sept, qui s’affolaient tout azimuts le long de ses mollet. Se déshabiller et plonger dans la piscine. Elle ne vit pas tout de suite les guêpes qui flottaient, noyées de trop d’ivresse. Elle avait fermé la bouche mais s’imaginait boire l’eau. Elle avait voulu lézarder sous le soleil, avait déplié un vieux parasol et découvrit des grappes d’abeilles et d’alvéoles contenant des œufs translucides qui bougeaient. Où avait-elle mis la bombe. Même le papillon qui se posait sur le melon lui semblait suspect. À la fin de la journée, elle compta les piqûres sur son corps et en dénombra sept. Elle plaça des plaquettes anti-moustiques sur chaque prise, supprimant la lumière. En entrant dans la chambre, elle s’était figée devant l’arachnide. Des yeux qu’elle ne voyait pas, elle entendit glisse-toi dans les draps que je puisse rentrer dans un de tes orifices pour m’y blottir. Aucun cri n’était sorti, juste un réflexe, attrapé une sandalette Dior, pour écraser l’horreur. D’un bond, la velue s’est enfuie sous l’oreiller, impossible à retrouver. Que faire. La bombe, avec de grands jets dans la pièce et se coucher malgré l’odeur infamante.


Le lendemain elle quitte son cocon poisseux et bzzz s’envole vers la ville la plus proche. Elle butine de boutique en boutique, à la recherche de petites robes fleuries. Elle papillonne longtemps, se métamorphose à chaque passage en caisse. Elle n’a plus le bourdon.

dimanche 21 août 2011

Profil

Devoirs du soir. Son problème, c'est les maths. Il s'en est toujours contrefoutu au carré. En dépit de ses efforts, il ne comprend rien à cette histoire de 807 hectares. Devoir, devant, il finit par écrire avec méthode :
« On sait que le 8 est un 0 portant une ceinture
et par conséquent que le 0 est un 8 nu compris dans l'angle du 7, nez obtus par symétrie
donc au pif, le pré mesure 807 hectares à moins qu'un œuf ne traîne par là. »


En somme, rien de grave. Ce sera un littéraire.

samedi 20 août 2011

Sonnette

L’ange blond nichait au cinquième étage. Huit cent sept fois, il sonna à sa porte bleue, huit cent sept fois, elle le rendit malheureux, le laissant dehors avec arme et bagages, imbécile et transi d’amour sur son palier. Il songeait alors à la brune du rez-de-chaussée qui lui reprochait de ne point l’aimer assez et redescendait quatre à quatre l’escalier. Passionnément entiché de l’intouchable, il touchait par dépit la sombre mal aimée qui l’accueillait sans réserve en sa moiteur. Seize ans, et tout excité par ses sens enflammés, il saccageait la beauté, impitoyable. Ses yeux de prédateur grands ouverts.


dimanche 14 août 2011

Vacuité

Accroché à elle dans la moiteur de leurs corps emmêlés il essaye d'oublier qu'ils ne sortiront pas indemnes de cette histoire.


Et que 807 fois ses bras se refermeront sur le vide.

samedi 13 août 2011

Familles je vous hais

Je souriais de loin en spectateur désabusé, au bavardage et à la gesticulation des héritiers du siècle qui, après la lecture du testament se regardèrent en silence, se livrant visiblement à de rapides calculs. Ils s’embrassèrent. J’aurais parié qu’ils ne s’étaient pas embrassés depuis des années.


La famille n’est qu’un abominable nid d’au moins 807 infamies et autant de souffrances.

dimanche 7 août 2011

Le vase

Le vase est tombé sur le tapis. Résonnent encore les 807 battements d'ailes entre les murs du salon. Assis, au bord de la table, le félin balance une queue nerveuse, entre inquiétude et fierté retrouvée.


Au bout de ses pattes, un cou brisé trempe dans l’eau des fleurs...

samedi 6 août 2011

Sainte Kitsch

À propos de Nouille céleste, n’oublions pas les saintes nullipares et écraseuses de serpent qui nous tendent les bras au bord des routes et qui ont aussi des robes qu’on ne peut pas retrousser. Il y a 807 raisons de prier pour elles.


(c) Estelle Ogier