mardi 6 septembre 2011

Car, quand les chemins du jour côtoient les nocturnes /2

C'est là que surgit le père, grand comme un sommet qui se perdrait dans les nuages, suivi d'une foule de surdimensionnés dans son genre. Une gueule antipathique. Sa main de la taille d'une barque, se tend vers mon pote le plus proche, l'agrippe. L'autre se débat en vain. Le père le fourre dans son immense bouche, d'un coup vif il le croque, des os craquent. Et cet air désinvolte qui me pétrifie plus que les dégoulinures rouges qui giclent de sa bouche. Les broiements de la mastication ne couvrent pas les hurlements de son amuse-gueule vivant. Ma voix revient en même temps que l'usage de mes jambes, je déguerpis dare-dare : bon sang, il se passe quoi ici ? Un voile noir obscurcit ma vue, je me retrouve dévalant la pente sans comprendre comment. Décamper à la vitesse de l'éclair sans se viander, rejoindre tes bateaux, t'alerter du danger. La fille, la mère, le père puis des centaines déboulent sur nos talons, respirations haletantes, ceux qui veulent nos os, bondissements effrayants, peut-être 807 à dégringoler derrière nous, ceux-là ne nous laisseront aucun espoir de survie. Cette fille gigantesque m'a nui. Sa mère énorme m'a aussi fait perdre l'esprit et baisser la garde. Le jour s'effondre sur le chemin vers notre flotte, mes rêves réduits à néant. Courir, manquer de se ramasser, les habitants de cette île ne reculent devant rien, s'engouffrer dans cette pente à pic, les pires barbares qui existent sur terre. Les regrets affluent quand je ne devrais que me concentrer sur la ligne qui mènerait à la crique. Mes forces fondent, des reflets, le sol se dérobe à l'instant où une pluie de pierres s'abat sur la plage, entre moi et tes bateaux.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire