dimanche 4 septembre 2011

Car, quand les chemins lumineux côtoient ceux de la nuit /1

De toutes mes forces, à toute blinde, dans cette pente trop raide. Combien sont derrière moi ? Pourvu que je ne me viande pas. Ils ne font pas de quartier. Alors que ce matin je ne supportais plus personne dans le bateau où l'on a navigué si longtemps, entassé comme du bétail. Mon esprit perdu sur un chemin pavé d'abattements. Et notre flotte, où allait-elle, même toi tu ne le savais pas ? Le jour me faisait mal, je m'immergeais dans une bulle invisible pour ne plus côtoyer les rameurs. Une côte, une crique tranquille, le ciel s'allégeant un peu, tu n'étais pas très chaud pour qu'on y fasse un repérage. Tes douze bateaux jettent l'encre sous des falaises sombres. De l'air, on se précipite sur la plage avec deux potes pendant que tu te tâtes pour savoir quoi faire. Je ne veux que m'évanouir dans la nuit muette de cette île escarpée. Ici, beaucoup de vaches et de moutons alors que les mots désertent toujours ma bouche. Tiens, une longue silhouette se découpe sur l'horizon, une jeune fille qui semble proche. Un long temps s'écoule avant qu'elle n'arrive à notre niveau. En fait elle était beaucoup plus loin qu'il ne semblait à cause de sa taille, inhumaine. Grande comme une colline, splendide comme la lune. Ses yeux bleu nuit, ses gigantesques seins nus, sa chevelure d'encre qui flottent dans les airs au-dessus de moi. Sans paroles, un courant passe entre nous, un flux grossissant de seconde en seconde comme le sang débordant de mon palpitant. Donc splendide, je l'ai déjà dit, des proportions délirantes, le genre de fille qui me donne illico envie qu'on passe la nuit ensemble, et pourquoi pas la corde au cou comme toi. Je me noie dans les fascinants regards de ma future... Ma nuit disparaît, tout faire pour la côtoyer et plus encore. C'est elle, la nouvelle île que je me dois de conquérir. Elle nous invite chez son père, le caïd du lieu. On y va par quatre chemins, j'ai la gorge sèche, les mains moites. Les foies de ne pas plaire au paternel et soudain, envie de chanter. Or, le silence règne dans la villa, une ambiance mortelle. On passe le temps sans desserrer les dents, sa mère déboule, grande comme une montagne, d'une beauté qui éclipse celle de sa fille. Ses yeux, ses seins, ses dents, mon cœur chavire. Elle nous désigne des sièges. On entendrait un moustique voler et surtout les battements du sang dans mes tempes. Ces deux femmes m'ont jeté un sort ou quoi ? L'apéro est servi avec 807 succulents amuse-gueules. Cette île est un merveilleux cocktail de sensations.


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1 commentaire:

  1. Aa! Arrive enfin Nausic!

    J'adore cette série de réécritures de l'Odyssée (mon sujet de mémoire de philologie, quand la discipline existait.. il y a un bail!)

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