lundi 31 octobre 2011

La montre

Cette saloperie de Heavy Metal gueulait ses insanités par les fenêtres ouvertes. Ce genre de musique, ça me prend la tête. J’avais mon Glock dans la poche de mon blouson. La porte d'entrée était grande ouverte. Je suis entré. Zenacker était allongé sur un canapé, une bière à la main, les pieds nus sur un tabouret. Il n'a pas réagi quand je l'ai braqué, il s'est juste marré. Complétement pété. Ce mec était tellement stone qu’il restait là, à rigoler doucement. Il se foutait de moi. J'ai flingué son ampli. Ça l’a calmé. C’est là qu’une porte s'est ouverte dans un coin de son taudis et qu’un autre mec s’est pointé dans l'encadrement. Énorme, gonflé de partout, le bide débordant du jean, l’œil vitreux. Il a dit à Zénacker : C’est quoi ce nain de jardin, tu ouvres une garderie ? Et il s’est accoudé au buffet, tranquille, sa cannette à la main, shooté lui aussi ! Comme si je n’existais pas, comme si j’étais une hallucination. Ils auraient dû me faire pitié, mais j’ai vu le poignet du gros quand il s’est accoudé. Un cadran bleu, la montre de Zoubir. On en avait chouravée une cargaison dans un camion. 807, pour être exact ! La preuve que c’était ces zombis qui avaient liquidé Zoubir. Putain, piquer la montre d’un cadavre ! J’ai plié le gros en deux d’un coup de pied. Quand Zénacker a bondi sur moi, j’ai tiré, d’instinct. Mon bras a cogné le mur à cause du recul et un deuxième coup est parti tout seul. C’est le gros qui a morflé. Quelque chose a giclé, un œil, un bout de joue, un truc comme ça. Rouge. À gerber ! Zénacker était sur moi, j’ai encore pressé sur la détente.


À bout portant.

dimanche 30 octobre 2011

samedi 29 octobre 2011

Moules... frite

Il faut être un peu fou pour les compter, les coquilles de moules de Marcel Broodthaers... 807 au moins.
Pour ce qui est de la frite, il l'avait.


vendredi 28 octobre 2011

Échauffement

Se réveiller clair et déterminé au camp de base à 4 h juste à temps pour voir disparaître les dernières étoiles. Visualiser une dernière fois la voie face nord de Woodall Mountain, le plus haut sommet de l’état du Mississippi. Être fin prêt pour lui lancer l’ultime défi. Enfiler le baudrier et mettre le casque. Vérifier le sac à dos : une corde de soixante mètres, une paire de crampons, huit coinceurs, deux bloqueurs, un huit, douze mousquetons, cinq cordelettes, trois sangles, l’eau et la nourriture... Un café, trois tartines. Se mettre en route rapidement, en laissant la tente et le matériel de bivouac pour le retour. Transpirer dans la pente raide malgré le froid glaçant de l’aube.


S’acharner seul dans la neige pendant quatre heures. Mettre enfin le pied sur la pierre du sommet, à 807 pieds d’altitude. Débarrasser la table de pique-nique des emballages de fast-food. S’installer pour déjeuner. Rien à voir au milieu de la forêt. Écouter bourdonner les antennes relais de téléphone. Rentrer tranquillement par la route caillouteuse.

jeudi 27 octobre 2011

L'amer

Dans ce boyau puant, moi, le bon à rien, le va-nu-pieds, je réalise comme rester à la surface d'une chose limite la perception de sa vraie nature. Quand je marchais sur le plancher des vaches, je n'imaginais pas les roches et les immenses cavités qui le soutiennent. Quand je flottais sur la mer, je ne sentais pas l'amplitude de ses masses d’eau. Et maintenant, dans ce trou du cul du bout du monde, sur quoi déboucher ? Deux tunnels, lequel choisir, par où passer ? Ma peur est un vautour perché qui n'a pas encore déployé ses ailes. Dans celle de gauche, je reconnais l'empreinte de tes sandales. À cette profondeur, chaque fibre de mon corps me crie de faire demi-tour. Non, poursuivre malgré les remugles fétides et soufrés, finir par te rejoindre dans une caverne aux dimensions surhumaines où se jette une rivière huileuse. Une femme aux longs cheveux gris se matérialise juste devant toi, elle ouvre ses bras et t'attrape. Tu t'agrippes à elle, cent-vingt-sept premières larmes jaillissent de tes yeux. Je me sens coincé. Elle dit des mots de miel et quatorze sanglots de plus en plus violents secouent ta carcasse. Je ne suis que le spectateur inutile des 666 autres larmes qui dégoulinent sur ton visage. Depuis la nuit des temps, les vivants n'ont jamais eu accès aux ténèbres du centre de la terre. Il ne fallait pas que ça change. Par hasard je m'y trouve, tremblant des pieds à la tête, ici y a rien qui vaille. Il fait une chaleur de placenta, tu restes effondré sur l’épaule de la vieille, tes 807 pleurs sont de trop... Envie de m’enfouir. Mais ce lieu n'en a rien à foutre de moi. Urgent de fuir. Si ma vie est purge, l'éventualité de m'éterniser ici n'en est pas moins laxative.



Musique Michel Gastérin tous droits réservés

mercredi 26 octobre 2011

No, Johny, no !

« Johny Shine ?... chambre 807... »


J’avais cru m’être trompé au départ. Mais non... C’était bien l’adresse que m’avait donné le rédac chef... Difficile de rêver cadre plus miteux... Une de ces imitations de motel américain, coincée entre autoroute et zone commerciale... Un secret pour personne que le fennec d’Austin était dans une mauvaise passe. Picolait beaucoup trop à ce qu’on disait... Incapable de monter sur scène certains soirs... Et quand il parvenait à quitter sa loge, massacrait deux ou trois morceaux puis se lançait dans des impros interminables... Un véritable autoportrait, son dernier album !... De drown in my own booze à getting sober, gettin mad, pas un morceau qui ne fasse plus ou moins écho à ses dérives alcoolisées... Mais de là à imaginer telle dégringolade !... Aussitôt franchie la porte de sa chambre, j’avais capté ce qui m’attendait... Affalé dans un fauteuil, le vieux Johny... Quittant le goulot le temps de s’en rouler un petit... À peine s’il est parvenu à articuler trois phrases pendant l’interview... Son manager qui s’est chargé de répondre à sa place... Une vraie pitié !... Me quitte plus depuis sa silhouette ratatinée... ses longs bras maigres... joues creuses... ses yeux barrés... sourire rictus... Sale plan !... Gamin on m’aurait dit qu’un jour je viendrais frapper à la porte de sa piaule... Que je me retrouverais comme ça face à lui... Mais j’étais venu rencontrer une icône... et avais serré la main d’un fantôme...

mardi 25 octobre 2011

chevillette

pour désengorger la circulation pendant les travaux vladje pensa installer en fiction un flic vers l'aine / faire passer le flux par latéral droit côté marché sous le creux poplité des tilleuls / faire ressortir niveau presbytère / ainsi tirée la chevillette, la bobinette cherrait / ça marcherait / le flux passe oui mais il y a des arrêts, des empêchements, des intrusions, des gros calibres / il faut rappeler des flics vers l'aine / à nouveau tenter le passage du creux poplité sous les tilleuls – tiens déjà l'automne – et essayer le passage par latéral gauche / faire ressortir niveau rocade / ainsi tâtée la bobinette, la chevillette sourirait / le flux passe oui mais il y a des verrous, des sténoses, des boutonnières, des diverticules, des coinçures, des enfonçures, des boursouflements, des empêchures


la veille, quand terre fut fouillée et que jardin eut perdu dessus et dessous, ce fut l'heure des ossements / on trouva à l'emplacement du noyer, juste déraciné, tibias fémurs cage thoracique et crâne de ce qui fut sans doute un grand chien, disposé dans la posture que lui avait donnée ceux qui l'avait confié à l'ombre du grand arbre / le long du muret de pierre, entre souvenir d'hortensias et souvenir de roses trémières, ce furent plus petits os mais eux aussi assemblés dans leur posture de déposition / il y avait sûrement plusieurs bêtes / on paria pour des chats domestiques / autour du cerisier montmorency dessouché os plus petits encore : dépouilles d'oiseaux – comment reconnaître dans ces cris d'os, qui du rouge-gorge ou du pinson, qui du pic épeiche ou de la grive musicienne – petits os d'omoplate, petits tibias, semblait-il, petits crânes allongés ; certains parlaient de petits rongeurs, de musaraignes, de souris / quelqu'un rectifia en disant que musaraignes n'étaient pas rongeurs mais insectivores et précisa les noms, et ce fut litanie : grande musaraigne larina brevicauda, grande musaraigne du désert megasorex gigas, grande musaraigne à queue courte, musaraigne alpine sorex alpinus, musaraigne aquatique neomys fodiens, musaraigne arctique sorex arcticus, musaraigne bicolore crocidura leucodon, musaraigne carrelet sorex araneus, musaraigne cendrée sorex cinereus, musaraigne ciliée, musaraigne aquatique, musaraigne commune, musaraigne couronnée sorex coronatus, musaraigne de beaufort famille de musaraigne cendrée, musaraigne de bendire famille musaraigne des marais, musaraigne de béringie famille musaraigne cendrée, musaraigne de cowan microgale cowani, musaraigne de dobson microgale dobsoni, musaraigne de flower crocidura floweri, musaraigne de gaspé sorex gaspensis, musaraigne de gaspésie, musaraigne de hoysorex hoyi, musaraigne de merriam sorex merriami, musaraigne de miller neomys anomalus, musaraigne de millet famille musaraigne couronnée, musaraigne de preblesorex preblei, musaraigne de sikkim soriculus nigrescens, musaraigne de talazac microgale talazaci, musaraigne de tanzanie crocidura usambarae, musaraigne de thomas microgale thomasi, musaraigne de toundra sorex tundrensis, musaraigne de trowbridge sorex trowbridgii, musaraigne de witaker crocidura whitakeri, musaraigne des alpes famille musaraigne alpine, musaraigne des apennins sorex samniticus, musaraigne des appalaches sorex dispar, musaraigne des champs famille musaraigne bicolore, musaraigne des jardins crocidura suaveolens, musaraigne des maisons suncus murinus, musaraigne des marais sorex bendirii, musaraigne des montagnes famille musaraigne alpine, musaraigne des steppes sorex haydeni, musaraigne des tarfaya crocidura tarfayensis, musaraigne du désert notiosorex crawfordi, musaraigne du valais sorex antinorii, musaraigne d’eau neomys fodiens, musaraigne d’éthiopie, musaraigne errante sorex vagrans, musaraigne fuligineuse sorex fumeus, musaraigne géante crocidura goliath, musaraigne ibérique sorex granarius, musaraigne italienne famille musaraigne des apennins, musaraigne kulandar crocidura lusitania, musaraigne lapone famille musaraigne masquée, musaraigne leucode famille musaraigne bicolore, musaraigne longicaude famille musaraigne des appalaches, musaraigne masquée sorex caecutiens, musaraigne minuscule famille musaraigne naine, musaraigne musette crocidura russula, musaraigne musquée desmana moschata, musaraigne naine sorex minutissimus, musaraigne nordique famille musaraigne arctique, musaraigne palustre sorex palustris, musaraigne porte-rame famille musaraigne aquatique, musaraigne pygmée, musaraigne pygmée de thompson microsorex thompsoni, musaraigne sombre sorex monticolus, musaraigne vulgaire famille musaraigne carrelet, musaraigne à dents blanches crocidurinae, musaraigne à longue queue famille musaraigne des appalaches, musaraigne à visage pâle microgale fotsifotsy, musaraigne étrusque suncus etruscus, musaraigne-taupe uropsilus soricipes, petite musaraigne cryptotis, petite musaraigne à queue courte famille petite musaraigne / il y eut quelqu'un d'autre, assis vers les fantômes des tilleuls, pour se demander s'il n'y aurait pas bonheur à ce que le flux des noms de musaraignes s'arrêtât avant 807

lundi 24 octobre 2011

Pastèque étoilée

Quel bonheur de pouvoir pisser dehors, le nez aux étoiles. Cette nuit elles sont toutes là et d’autres sont invisibles, au-delà du regard. Parmi les milliards qui poinçonnent la voûte, je ne sais pas en nommer plus de 807. Quelle folie ! diront certains, d’en connaître tant ou si peu. C’est que détenir une parcelle du Verbe nous permet de croire qu’en distinguant les choses, nous avons pouvoir sur le réel, cosmos y compris et que, depuis la nuit des temps, notre cohorte progresse. Chacun, faible ou puissant, oublie que sa course immobile, le ramène invariablement à la nuit dont il vient, plus démuni que la pastèque qui a mûri sous les étoiles et a retenu leur image sur sa peau.


samedi 22 octobre 2011

Linguicide

Des langues nicobar qui sait la trajectoire ?
Qui connaît le môn-khmer, qui sait que le chaura,
Le car, nicobari, shompen ou teressa
En sont de vrais cousins, qui sait la triste histoire
Du trinkut, du katchal, ou de la camorta ?
Akkadien, sumérien, hittite, hourrite, live,
Mannois, kikai, eyak, suève et brabançon
Qu’aucune d’elles plus ne vive
Qu’à jamais nous ne connaissions
Ni la douceur de leur caresse,
Ni comment s’y nommait la fesse
Qu’importe direz-vous le son
Des langues mortes, nous vivons.
Combien d’assassinats, combien de linguicides ?
Entre langues combien de guerres fratricides ?
Auvergnat, occitan, bourguignon, champenois
Basque languedocien, ligurien, franc-comtois,
Breton, corse, lorrain, picard, wallon, normand,
Flamand occidental, limousin, arpitan,
Francique mosellan et francique rhénan,
Poitevin, provençal, romani, saintongeais,
Bruxellois, limbourgeois, tous autant en danger.
Et tous se désagrègent,
Avec ou sans Hagège
Qui n’en savait que cent.
Où sont les sept cents autres ?
Qui parle araméen, la langue des apôtres ?
Et ces six que j’ajoute, extirpés du néant,
Comme on pêche en la nasse une poignée de vives :
Khotanais, hyrcanien, bactrien chorasmian ?
Qu’aucune d’elles plus ne vive
Qu’à jamais nous ne connaissions
Ni la douceur de leur caresse,
Ni comment s’y nommait la fesse
Qu’importe direz-vous le son
Des langues mortes,
Nous vivons.


Quand on verra de ce poème
La huit cent septième édition
Quel mandarin, lettré, linguiste
Saura, penché sur son registre,
En lire sans accent mondiste
L'originale version ?
De cette langue exotique et bizarre
Retrouvée en quelque bazar,
Poubelle d'univers, résidu de l'abîme,
Saura-t-il ouïr la douceur ?
Entendra-t-il frémir son cœur ?
Qu'importe, dira-t-il, le son
De ce français et de ses rimes
De ses allitérations
Qu'importe, dira-t-il, son sort,
Je suis vivant et il est mort.

vendredi 21 octobre 2011

Poème bancal

Je voudrais écrire un poème
Que le taulier accepterait.
Ce poème ne parlerait
Hélas pas du nombre qu'il aime.
Il faudrait trouver une idée,
Un peu comme les vers bancals
De Sylvie qui jamais ne cale
Quand son vers il lui faut vider.


Une strophe de huit vers
Comptons sept pour la troisième
Quant au mètre, c'est idem
Tout est monté de travers !
Cher lecteur trinque avec nous
Si tu tiens toujours debout,
Pour ce blog : lève ton verre !

jeudi 20 octobre 2011

Silence d’or

(c) Estelle Ogier


Chaque matin, Odilette se disait qu’il s’agissait de son dernier bain dans la mer dorée au sable fin. Elle revenait toujours de son excursion natatoire après de longues heures — épuisée mais ravie. Elle rentrait chez elle, ruisselante, vacillante, aimante... Odilon guettait le retour d’Odilette car il était inquiet du risque de noyade... Il l’accueillait en serrant son jeune corps pulpeux et salé contre son vieux corps attendri... Le jour de l’enterrement d’Odilon, Odilette se noya à 807 mètres au large en mer... À quoi bon rentrer puisque plus personne ne l’attendait à terre les bras grand ouverts.

mercredi 19 octobre 2011

Modestie

À peine étais-je entré qu’on me souffla dans le conduit, vous allez bien ? Je fis oui ! parce que je ne pouvais pas dire non ! C’est formidable, pour vous ! C’est formidable ! s’exalta le nabu qui venait de m’alpaguer ; en cherchant à portée de voix un autre interlocuteur que moi, qui pût prendre vraiment la mesure du bol que j’avais, parce qu’apparemment je n’étais pas le mieux placé pour ça, à ses yeux.


Ils disaient tous oh moi ! dans cette soirée, quand on leur demandait et vous ? En un éclair je compris que j’avais affaire à des modestes ; ce qui n’était pas plus mal et je dois dire que ça m’arrangeait même bougrement. Je n’étais pas homme à comprendre les philosophies ni à m’encombrer de 807 futilités de conscience.

mardi 18 octobre 2011

Dernière frontière

Il ne s’agissait pas de l’ombre qui rendait la frontière incertaine, non plus de ce flou cristallin qui la dissimulait par endroits, ni du regret de Noémie qui brûlait un papier, non il s’agissait en cette fin de journée de supporter cette petite musique agaçante qui s’était introduite, écartelant ses souvenirs, raclant l’intérieur avec une précision dérangeante. Pourtant plusieurs fois déjà elle avait préparé son départ, sa traversée du no man’s land, ses papiers pour passer de l’autre côté, et elle avait tout annulé à la dernière seconde. Mais ce matin comme guidée par ce refrain lancinant, elle se leva, ouvrit son unique placard, y jeta toute ses affaires dans une valise, vérifia dans le lavabo que le papier n’était plus que cendre, claqua la porte, longea la rue et entra dans une bouche, à peine entrouverte, encore pâteuse du métro. La direction Mairie d’Issy lui sembla tout indiqué pour aller dans ces steppes tant évoquées il y a longtemps, sans qu’elle n’ait jamais réussi a démêler le faux du vrai. La seule chose dont elle était certaine c’est qu’à Issy habitait celui qui lui donnerait une réponse, tout du moins un début de réponse. Même s’il se morfondait dans une retraite anticipée, suite aux débordements de l’affaire qui avait fini en fiasco, deux morts non élucidées quand même, il pourrait lui expliquer l’origine des maux qui la hantaient. La dernière lettre qu’elle avait reçue, celle qu’elle s’était empressé de brûler, ne contenait qu’une phrase : souviens-toi de Чернобыль n'était qu'un préambule, qu'une action l'éclipsera, un Armageddon plus redoutable que le séisme de 関東 et ses plus que 807 morts. Comme à son habitude, le liquidateur avait tracé une ligne directe entre elle et les événements.


Quant elle sonna à la porte du pavillon, elle ne fut pas étonnée de voir son père lui ouvrir la porte, déjà habillé, rasé, de si bonne heure. C'était pareil quant ils faisaient équipe ensemble, au 36. Lui paré au lever du soleil, elle pas maquillée, fraîche comme si elle sortait d'une cuite la veille. Cela dit, c'était ensemble qu'ils étaient arrivés à Чернобыль, et avaient découverts les deux jumelles. Deux sœurs enlacées dans la même fosse. Mortes depuis peu. Mais le regard de son père s'était assombri depuis leur retour. C'est parce qu'il ne s'en était par remis qu'elle devait retourner là où tout avait basculé, résoudre ce qu'il n'avait qu'entrevu.

lundi 17 octobre 2011

Démission

Un rai de lumière filtre à travers les rideaux mal fermés et la frappe directement au cœur de l'œil droit, l'extirpant brutalement du rêve où des hérons cendrés glissaient dans un ciel azuréen. Elle s'étire, soupire, pose un pied par terre et écrase sa montre qui marque 08h07. Ça lui apprendra à ne plus rien ranger. Elle titube jusqu'au fauteuil dans lequel elle se cogne avant de percuter l'aspirateur qui traîne au milieu de la pièce. Pas eu le courage de le passer la veille, pas plus qu'elle n'a ouvert les fenêtres, fait les poussières ou épluché les patates pour le gratin dauphinois qu'elle avait promis à ses gosses. Elle croise son reflet dans le miroir de l'armoire, se fait peur, referme les rideaux hermétiquement pour que le soleil lui fiche la paix et retourne se coucher.


Avec un peu de chance peut-être qu'elle réussira à rattraper son rêve.

dimanche 16 octobre 2011

Remplacement

Celui qui croit que Steve Jobs a changé le monde, celle qui croit que le PS va faire peur aux banquiers, ceux qui croient que je vais en écrire 807 comme ça.


samedi 15 octobre 2011

Differenciateur #3

Créer LA différence était devenu pour Georges M. la profession de foi de son activité de commercial. Pas la différence grossière et facile, incluse dans les performances des objets qu'il vendait, et qui se révélaient invariablement supérieurs à ceux de la concurrence. La différence technologique, créée par les ingénieurs et designers, très peu pour lui ! Il voulait LA différence, celle qui, dans l'esprit de l’acquéreur, le faisait l’élire LUI, en premier, devant ses collègues, quelles que soient les qualités du produit. L’acheteur devait se féliciter d’avoir obtenu auprès de Georges M. le produit miracle, et il devait absolument, pour son salut, revenir vers lui pour obtenir un nouveau bienfait. Georges M. était un commercial de l’âme, qui pensait qu'un acheteur dévot est un bon acheteur, et il ne reculait devant aucun stratagème honnête ou infernal pour l’endoctriner. Sa jovialité, son bagout, son amitié convertissaient immédiatement presque tous ses prospects. Les récalcitrants adhéraient en général grâce aux offrandes et autres pots-de-vin, et les supplices et châtiments venaient à bout des plus difficiles. Alors qu’aucun collègue de Georges M. ne pouvait tenter la moindre tartuferie sans se faire remarquer, insulter et excommunier, Georges M. pratiquait son sacerdoce avec autant de délicatesse et de subtilité que de désir d'aboutir. Il raflait toutes les primes de son entreprise, mais ce qui lui plaisait le plus, ce qui ravissait son âme, c'était l'immense dévotion que lui vouaient ses clients, la foi aveugle que lui portaient enfin ses ouailles. Lorsque leur dépendance à sa personne était totale, que leur adoration était sans faille, il savait alors qu’il avait créé LA différence. Invisible car tressée dans les esprits de pensées et de mots, sa puissante ascendance était ignorée de tous.


Un matin d’hiver, George M. annonça sa retraite par email à ses acheteurs. Déboussolés par cet abandon, ses disciples le supplièrent de les accompagner et les guider encore et toujours. Mais insensible à leurs prières, Georges M. partit jouir de sa richesse à l'autre bout du monde dans son paradis fiscal. Ce qui déclencha une vague de 807 suicides d’acheteurs.

vendredi 14 octobre 2011

onco

oncologie, une spécialité ostréicole de son arrière grand-mère, bretonne, grande ramasseuse de varech à l'estran des grandes plages du nord de france. peut-être que vladje s'en souvient un peu quand elle déguste savoureux pétoncles et juteux oncorneaux


la veille, à côté du terrain planté d'ifs, était tombée une pluie d'oiseaux morts. bécasses, passereaux, cigognes, courlis, martin-pêcheurs, perruches, accenteurs mouchets, loriots, tourterelles, bouvreuils, pinsons, cormorans, mésanges et rouges-gorges. dans la joncheraie de plumes, une femme s'étonna qu'il y eut 807 ornithorynques

jeudi 13 octobre 2011

Différenciateur #2

L’ennui ne pouvait jamais atteindre cet expert de la séduction. Il se faisait un point d'honneur à choisir ses femmes toujours différentes : grandes, moyennes, petites, cheveux courts, moyens ou longs, cheveux lisses, en chignon ou en tresses, africaines, asiatiques ou scandinaves, intellectuelles ou cocottes, maigres, pulpeuses ou rondes, les yeux bleus, verts, marrons... Pour la conquête, sa science de la surprise systématique de l'adversaire, dans les lieux et les moments lui aurait permis d’écrire le traité ultime de séduction. Dans les gestes de l'amour, il connaissait si finement le Kâmasûtra qu’il offrait à chaque femme ravie une combinaison toujours nouvelle et adaptée de plaisirs.


Sa seule erreur, embarrassante, lors de sa 807e conquête, fut de séduire un travesti dont il ne perçut la différence que trop tard.

mercredi 12 octobre 2011

Bip

oui, mon amour je respire, écoute l'électrocardiogramme, bip, bip, compte-les avec moi, 1, 2, j'ai ce goût de métal dans la bouche mais ça ira, écoute te dis-je, bip, bip, oui bien sûr tu ne m'entends pas, je ne bouge que les yeux, bip, bip, compte-les pourtant, tu dois être à 20 déjà, non ?, je te vois tu sais, bip, bip, ne t'inquiète pas, je vais m'en sortir, ne pleure pas, bip, bip, 32 peut-être, ce n'est pas ta faute, c'est la mienne, bip, il ne faut pas téléphoner en conduisant, bip, bip, bip, mais le texto était de toi, il fallait que je le lise, même à 180 sur l'autoroute qui me ramenait vers toi, 45, bip, je t'avais déjà pardonné, bien sûr que je t'aime, bip, le téléphone a vibré et ta photo est apparue, bip, bip, bip, 62, je savais bien que c'était dangereux, je savais bien que je risquais l'accident, bip, bip, mais il fallait que je lise ton message, tu comprends ?, bip, alors j'ai ralenti, j'ai laissé la file de gauche aux plus pressés, bip, 87, je suis descendu à 140, bip, bip, et j'ai pris le téléphone, j'ai ouvert ton texto et j'ai vu ton « reviens », bip, j'ai eu raison de rouler moins vite, c'est pas ton message la cause de l'accident, vois-tu, bip, bip, donc c'est pas de ta faute, mon amour, bip, 104, non, c'est pas ton message, c'est la joie ensuite, bip, bip, j'ai crié dans la voiture en tapant comme un dératé sur le klaxon, 112, bip, et cette embardée, et ce camion, bip, bip, bip, 120, bip, bip, bip


bip, bip, 807, b–

mardi 11 octobre 2011

Différenciateur #1

Relever les différences était sa raison de vivre. Partout il soupesait et mesurait toutes choses : la hauteur des pieds des tables, la largeur des portes, la longueur du nez des passants, le nombre de pétales des fleurs... Il notait précisément les nombres dans son carnet. Rentré chez lui, il comparait tous ces chiffres, les nouveaux collectés dans la journée et les anciens. Il en faisait les différences, il en mesurait l'évolution, il en supputait les causes profondes. Ses talents de différenciateur furent bientôt reconnus. De toutes parts on venait à sa rencontre lui proposant de nouveaux défis, des différences de plus en plus subtiles. Mais la gloire ainsi atteinte ne le toucha pas, et la facilité des calculs que proposait le peuple lui faisait perdre son temps. Le calcul des différences finies ne lui suffit bientôt plus. Il ne fit qu’une bouchée du zéro et de l’infini. Il passa aux équations différentielles, dont la subtilité et l'enjeu étaient à la mesure de son expertise. Plus ardue fut pour lui la comparaison des infinis.


Il résolvait une équation du 807e degré lorsqu’une crise cardiaque le terrassa brutalement, laissant son opus magnus inachevé. Lors de l'autopsie, ô ironie du sort, on s'aperçut que son cœur était à droite.

lundi 10 octobre 2011

Trouée

Que le vent pour nous embarquer jusqu'au bout de l'océan. Que le vent pour rabattre ce parfum de cyprès. Que la brise pour refroidir mon dos quand je mets mes pas dans les tiens le plus silencieusement possible. Il ne faut pas que tu me repères. Ni moi, ni ce satané Vautour qui me colle et éructe tout feu tout flamme :
– J'te jure qu'y a un trésor, faut qu'on mette la main dessus.
Tu t'étais précipité dans cette grotte pestilentielle avec un troupeau de moutons dont les bêlements infernaux résonnent en écho entre les parois froides. Un ruisseau glisse à côté de nous, la pente s'accentue au fur et à mesure que la galerie se resserre. Un recoin obscur cache ta silhouette, le flot noir s'épaissit, c'est presque un fleuve maintenant. Mon pas dérape, Vautour me rattrape avant que je ne me viande dans le courant furieux. Tu as rejoint un vieil homme qui te parle sans te regarder. On se planque derrière une anfractuosité triangulaire. Tu creuses une fosse aux pieds de ton interlocuteur, commences à faire des offrandes de lait, de miel et d'eau pure. Toujours avide d'épater la galerie, Vautour me murmure :
– C'est sûrement ici, ce trou inaccessible où ont été cachés cent trente-six rubis, cinq améthystes et six cents soixante-six diamants de la taille d'un poing. 807 pierres précieuses qui vont nous sortir de nos vies de gueux, fini de tirer le diable par la queue...
– Ferme-là, tu vas nous faire repérer.
À cet instant, éclairé par une trouée de lumière soufrée, tu prends ton couteau, saisis le mouton le plus proche, tu n'y vas pas de main morte et tranche son cou sèchement. Un geste répété, encore un hurlement, geste répété encore, à nouveau jusqu'à ce que la dernière carcasse ensanglantée s'écrase sur les moutons égorgés, un tas pyramidal entassé devant le vieillard qui ne scille pas. Ces pauvres bêtes n'ont pas fait long feu. On a ouvert une voie qu'on n'aurait jamais dû ouvrir. Ce nase de Vautour m'a planté. Rien à gagner ici, j'en mettrais ma main au feu. Au secours, sans reprendre le mien alors qu'aucun souffle ne s'exhale de cette satanée grotte.



Musique Michel Gasperin

dimanche 9 octobre 2011

Épouvantail

Perplexe, il se demande ce que le sculpteur a voulu dire avec cet épouvantail au rictus inquiétant portant un rocher sur le dos, tout empêtré de ses longs bras maigres. Rester zen. Dans ce jardin on est sur une autre planète. Il poursuit son chemin, s'attendant à tout moment à tomber sur une autre bizarrerie tout droit sortie de l'enfer. 807 brindilles craquent sinistrement sous ses semelles, et cette impression de tourner en rond...


Les heures passent, la nuit vient, il ne cesse de passer et de repasser devant l'épouvantail qui semble imperceptiblement changer de position à chaque nouvelle rencontre. Le musée-jardin décrit un cercle concentrique dont l'unique œuvre ne le laissera peut-être jamais sortir.

samedi 8 octobre 2011

5:07

Trois heures avant l'heure légale : ce mignon réveil-matin de dix kilos qu'il faut éteindre avec un biberon de lait.


Cornaline me raconte la crèche (principalement par gestes, mais tout est tellement clair) et comment la grande Agathe et sa petite sœur Suzie ont prit le contrôle des petits et le monopole des jouets : « mon papa il casse du Quignard dans le Monde, na ! »

vendredi 7 octobre 2011

La compagnie des prurits

Si je n’avais pas les cordes vocales coincées (je crierais), les doigts engourdis (j’écrierais). Mais je suis ligotée par une sorte de transe et je me contente de souffrir en silence. Pourtant, pour un peu, j’écrirais bien mes combats désespérés. J’appellerais ce texte, non pas la Compagnie des spectres, ou la Compagnie des jeunes pianistes, comme le fameux livre que je viens de prêter à Malgorzata et qui raconte les amours incestueux d’un virtuose d’Oslo qui joue du Chopin en pensant à la mère de sa fiancée, non, j’appellerais ça la Compagnie des prurits. Compagnie dans le sens de groupe, de club, de gens divers convaincus de la nécessité de rester ensemble mais aussi compagnie dans le sens d’accompagnement et de façon de lutter contre l’absolue solitude. Car c’est mon compagnon habituel de chaque instant, avec comme pour une partition d’orchestre, chacun sa petite note et son petit vibrato : du suintement voluptueux dans mon conduit auditif, à la raclette de la peau des joues tavelées, sans oublier l’absolue démangeaison de chaque entre-doigt, la rougeur obsédante des chevilles, ma plante des pieds en feu, le gonflement irrité de ma nuque qui semble habitée pas tous les parasites de la plaine de l’ouest américain, l’épaule, le creux poplité, le dessin animé dans mon cuir chevelu sans parler évidemment de zones qui devraient rester discrète mais qui me font me tortiller comme un incontinent obèse dans une salle de concert pendant le boléro de Ravel. J’ai changé mes draps, dépensé des fortunes en paillettes de savon biologique, continué ma collection internationale de crèmes et onguents antiallergiques. Rien n’y fit. Rien n’y fait. Serais-je, sans le savoir la fameuse brebis galeuse de la Bible ? Mais je ne suis jamais allée dans le pays de Galles. Je me griffe les joues par excès de grattage (sans gagner au tirage) et je vois sur ma peau, blanche comme une souris chauve dans un champ de neige suédois, 807 de ces papules, taches, macules, simples boutons de mousticus vulgarus, situés toujours par trois, comme les pies dont les couples amoureux se dotent toujours d’une vieille tante célibataire pour garder les œufs ou comme l’époustouflant mystère de la Sainte Trinité dont je n’aurai pas l’outrecuidance de mêler son puissant symbolisme à mes opéras dermiques. J’ai vu plus de médecins en un an que le rwandais moyen n’en verra tout au long de sa vie. Je ne veux plus en voir un en peinture sauf peut-être le docteur Gachet… Je veux me bagarrer seule.


J’ai commencé une danse synchronisée entre grattage et huile essentiellement essentielle, enfin c’est le pharmacien qui le dit car pour le moment, à part l’odeur qui devrait faire fuir un troupeau de bisons, tout autre effet ne se fait pas sentir. Je change, je varie, je jongle, je supplie le tea-tree de conjuguer ses efforts avec le ravintsara ou la lavande fine, mais rien ne marche, je me gratte et je me gratte encore jusqu’au sang. Vous direz que cela m’occupe. Ce n’est pas faux. J’écris, ce me semble, en ce moment, à cette minute même, ce qui m’empêche de me gratter. Mais je ne vais pas pouvoir écrire toute la vie quand même !

jeudi 6 octobre 2011

Gasconnades

Nonobstant des compétences professionnelles indiscutées, il avait une propension à utiliser du vent au service de ses propositions. La plupart du temps, il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait, n’imaginait même pas qu’on puisse le prendre au mot. On était supposé dire, merci beaucoup, ce sera un plaisir ! et ne jamais donner suite à l’invitation. Il était comme ça. Qu’une occasion se présente et il bondissait dessus. L’Inde ? Ah ! Oui, j’y vais justement la semaine prochaine. C’est un pays fascinant. Vous devriez venir avec moi… Puis il passait rapidement à autre chose ou nous gratifiait d’un bonsoir et nous plantait là.


J’avais noté dans mon petit calepin qu’à ce jour il avait lancé 807 propositions en l’air avec une facilité déconcertante. Tout cela est bel et bon mais vous imaginez l’étendue de la cata si l’un de nous avait répondu par l’affirmative ça tombe bien, la semaine prochaine je n’ai rien à faire... chiche ! Je pars avec vous…

mercredi 5 octobre 2011

Solitude

Il était heureux d’être si bien entouré. Il culpabilisait même de ne pas pouvoir répondre à tous leurs messages de sympathie, de félicitations pour ses petits écrits sur son petit blog. Il avait honte de manquer de temps pour les saluer tous, rire de leurs bons mots, se réjouir de leurs succès, intervenir dans leurs débats. Il avait fait le compte, la semaine dernière : pas moins de 807 amis, mieux qu’une famille ! Pas moins de 807 raisons de chanter « La solitude, ça n’existe pas ! »


Lorsqu’on l’a mis en terre, ce matin, dans la fosse commune, pas un pèlerin pour l’accompagner. Ses amis facebookiens n’étaient pas au courant.

mardi 4 octobre 2011

Automne estival

Si Verlaine avait connu cet été en octobre, ces terrasses accueillantes, ces robes légères, nul doute que ses violons de l'automne auraient chanté des rires ingénus plutôt que des sanglots longs.


807 feuilles mortes
807 brins d'herbe
l'écrivain hésite

lundi 3 octobre 2011

La route

Je me souviens d'avoir lu l'été dernier, une biographie de Thomas Lanier Williams dont une bonne partie dans le tramway. Alors que je n'étais pas loin de la 807e page, je levai la tête. Le tram était bondé. Un monde fou s'entremêlait. On pouvait y voir un homme à l'allure de boxeur manchot, un petit vieux à la peau de serpent, un sac de dame en perles, une rose tatouée sur une épaule dénudée, un amoureux rassurer son amie Hey, baby, ne t'en fais pas, la chatte finira bien par descendre du toit !, une petite fille déguster un sucre d'orge en forme d'iguane, un musicien équipé d'une contrebasse descendre à l'arrêt Orphée et mille autres curiosités. Dans ce petit train aux grandes vitres, on se serait cru dans une ménagerie de verre. Comme emportée dans un flux de cinémas et simagrées, bon gré mal gré, la vie semblait pouvoir tenir sur une trame de transport en commun jusqu'au terminus. Je n'ai jamais aimé Johnny mais, ce jour-là, je me souviens que dans l'air flottait « quelque chose en nous de Tennessee ».


dimanche 2 octobre 2011

La coupe est vaine

Heureusement, cette fois, rien n'arrive qui mérite sacrifice aux dieux. Tu restes toujours autant toi. Le même. Bouffi pareil, bêtement humain. Je voudrais boire la potion de la femme quand tu donnes un coup dans le plateau qui valdingue. Elle grimace. Je la déteste, je la hais, elle vaut moins que ces porcs qui se vautrent à ses pieds. Ne pas rester ici une seconde de plus immobile, échapper à ses charmes. Tout se referme dans ma tête. Je me propulse sur elle pour la massacrer : Fais revenir mes potes, sinon je te transforme en chair à pâté ! Tu essayes de me maîtriser. Bang ! Sur ma tête, quelque chose explose. Pas le temps d'avoir mal. Quand je me réveille, cette traîtresse et toi êtes enlacés, vous avez sûrement frotté le lard ensemble. Les pourceaux ont disparu, mes amis sont revenus, sauf un cochon, le casse-couille de service qui grouine : Qui t'a dit qu'une forme est plus belle qu'une autre ? Ou bien homme ou bien porc, ou survivre dans la fange ou la lutte à mort, entre les deux, il n’y a rien. 14 étreintes, 204 embrassades, 385 tapes dans le dos et 204 congratulations, j'ai compté chacune de nos 807 accolades. Disposés en pyramides, rôtis et gibiers nous attendent sur de grandes tables. Cette île n'est qu'une luxueuse porcherie. Cette étape de notre périple nous a rempli la panse, mais bombance chaque jour, ça me gave. Y a toujours la canne à pêche comme passe-temps, balancer l'hameçon dans les vagues, attendre sans moufeter le soir et peut-être un rayon rose. Quand on l'apercevrait, il créerait un élan tel qu'il libérerait le monde de sa gangue de glace.



Musique (c) Franck Garot

samedi 1 octobre 2011

Images

Il y en a combien dans ses albums ? dans ses cartons ? dans sa tête ?
800 et quelques et quelques et quelques et quelques et quelques et quelques et quelques et quelques ?
Celle-là, surtout.