lundi 16 janvier 2012

Un p’tit coin de paradis

C’est ma grangette. Une cabane de pierre avec un toit en taule au bord d’un chemin qui ne mène nulle part. Elle abrite huit cent sept fourmis, douze chauves-souris et trois chaises cassées. Elle connaît plein d’histoires d’autrefois qu’elle me raconte aux vacances, celles d’une époque pas si lointaine encore où elle veillait sur des trésors : outils, châtaignes, cocons de vers à soie. Parfois, je lui dis que je vais m’occuper d’elle, retrouver son propriétaire, la lui racheter. Je lui ferai un joli toit de tuiles dorées comme ceux des maisons du village en contrebas. J’arracherai les broussailles, je nettoierai le sol, l’évier taillé dans la pierre. Il nous suffira de rien, une table, un lit, quelques livres, pour être heureuses ensemble et regarder passer le temps, paisible, du seuil de sa porte grande ouverte sur la forêt.


Elle sourit mais ne me croit pas. Elle sait bien que ce n’est là qu’une illusion, un doux mensonge, le rêve champêtre d’une fille de la ville. Elle, elle a ses racines plantées loin sous la terre. Elle n’a pas besoin d’ailleurs. Elle sait la dureté de la vie. Elle l’accepte. Elle y puise sa force.

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