mardi 17 avril 2012

La proie pour l’ombre

Coups redoublés dans la poitrine quand il entre, souffle haletant. Regard furtif pour balayer la rangée de sièges où ceux-là attendent, puis les yeux se figent sur l'horloge. Pourvu que. Mains crispées à force de serrer la monnaie, au tintement des pièces glissées dans le distributeur, au son du billet qui dégringole, les mâchoires se détendent. Un peu. Se retourne et s'appuie contre la machine, au cas où ses jambes trembleraient plus fort. Tapote nerveusement la poche de son jean. Bientôt la voix douce et ferme du haut-parleur, bientôt le crissement des roues sur les rails. Il pourra franchir le quai, s’engouffrer dans le train, disparaître.


Il oublia. Peu à peu, les horaires, contraintes, règles, corrections, rappels à l’ordre s'effacèrent. Peu à peu, le taulier reprit vie à l’ombre des 807.

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