mardi 15 mai 2012

Transhumance



                         Un matin elles sont là barrant l'horizon. Des excroissances métalliques surgies du sol, deux fois la hauteur des arbres, qui surplombent les toits. Aux chemins de roulement s'accroche la lumière d'une fin d'après-midi, plus tard ce sont des oiseaux amputés qui projettent leurs ombres sur le quartier. Cabines de commande éteintes, immobiles toujours, même le vent n'y peut rien. Un soir pourtant les bras des grues pointées comme des canons de revolver.
 
 
                         Tôt sur le chantier, un homme traîne pour ramasser un papier par-ci, une canette par-là. On dirait un épouvantail dans ses vêtements trop larges mais les oiseaux ont déjà fui les bruits des machines qui retournent le quartier : murs coupés en tranches, blocs de bétons rendus à terre, gravats.
 
 
                          L'homme traverse le chantier, s’en éloigne. Il longe des palissades, piétine des flaques d'eau, traverse ce qu’il reste des rues. Et bientôt c'est la fin des trottoirs, il faut continuer sur le bord de la route qui s'élargit et se découpe en plusieurs voies. Panneaux, voitures, poids lourds. Poids lourds, voitures, panneaux. Il continue. Plus loin. 807 pas encore. Jusque derrière des hangars où des dizaines de tentes ont poussé. Et de drôles d’oiseaux décollent, entre la ville nouvelle et l'aéroport.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire