mardi 30 avril 2013

Je suis le confesseur du roi Philippe

 
Regardez-moi.
Je suis Frère Hortensio Félix Paravicino confesseur du roi Philippe d’Espagne.  J’ai à peine 30 ans et je suis beau.
Je porte moustache et fin collier
mes grands yeux noirs sont surmontés d’épais sourcils
mes lèvres fermes sont bien  rouges et si je ne souris pas avec plus d’éclat
 si je ne réponds pas plus chaleureusement à la confiance
que le roi m’a toujours témoignée
c’est à cause de la réserve à laquelle m’oblige  ma très haute fonction.
Vous remarquerez que mon visage
s’inscrit harmonieusement dans la corolle blanche de ma capuche.
Vous n’avez pas oublié quelle importance j’accorde à cette pièce
de mon vêtement : plus par coquetterie
que parce que j’aurais conçu le noir dessein  de m’y cacher. 
Chez moi tout est clair. Mes traits sont fins et droits
mon nez bien marqué que prolonge l’arc épais de mes sourcils.
Et si mon oreille est un peu grande elle sait apprécier les chants d’église
 et garde bien au chaud tous les secrets de la confession.



Observez à présent mes mains.
Des mains de femme dont la droite s’extrait du chiffonnement pâle
de la manche comme un col de cygne : je suis si délicat. De l’autre
je tiens mes deux livres le petit sur le grand  
mon majeur glissé dedans. Est-ce pour marquer la page 
ou parce que j’aurais été surpris dans ma lecture par mon portraitiste ?
Croyez plutôt à une élégance naturelle et considérez à présent
ce double pli croisé que dessine la chute de  l’étoffe entre le bas de mon ventre
 et le haut de mes cuisses. Regardez comme la pointe du grand livre
 vient solliciter ce dont on aimerait me  croire dépourvu.
Je ne suis pas privé de sexe.
Je refuse simplement de me laisser détourner de ma mission.
Je suis le confesseur du roi Philippe et chaque jour
j’observe  les grands de ce monde.
Je sais tout le parti que les hommes peuvent tirer
 de leur ventre. On consolide des royaumes
avec ça on en crée de nouveaux au-delà des mers.
Cependant croyez-moi. Mieux vaut que leurs 10 millilitres
d’éjaculat quotidien
aillent se loger dans les plis de leurs chausses
plutôt qu’entre les cuisses de nos reines
où se pressent déjà 807 petits bâtards.


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