mardi 2 juillet 2013

La bonne table.


           
         Je ne supporte pas de ne pas manger sur une table dont je ne serais pas en contact avec le bois dur. Je déteste poser les mains sur une nappe, à commencer par ces horribles nappes en papier qui non contentes d’être laides finissent toujours par se déchirer sous nos coudes.


          Quand je débarque chez ma fiancée le soir de Noël, j’ai de quoi me sentir comblé. Petits rameaux de gui agrémentés de leurs délicates perles blanches, discrètes guirlandes argentées ornant chaque assiette, tandis que sur la table ronde (châtaignier ? noyer ?) brûlent deux bougies colorées, jaune pour elle, rouge pour moi. Je laisse cependant échapper une grimace. Quelque chose qui ne va pas, m’interroge, inquiète, ma petite fée en présentant la dinde rôtie.


       Les couverts ? Lourds, sûrement en argent. Les serviettes ? Fines, satinées, artistement roulées dans de d’adorables ronds de nacre. Les verres ? En cristal de Bohême, leur musique me charme les oreilles. Le vin ? Un précieux rubis, pour ne rien dire du bouquet. Les assiettes ? Blanches, rectangulaires, très classe. Alors tout va bien ? Presque. Presque ? Il y a donc quelque chose qui cloche ? Disons que ce serait mieux si. Mieux ? Impossible de faire mieux. Oh que si.  Ajouter un bouquet de roses ? Nul besoin de roses. Un repose-bouteille en argent ? C’est inutile. Une nappe rouge avec de petits sapins dorés ? Une table est infiniment mieux sans nappe. C’est-à-dire qu’elle serait mieux aussi sans sets, c’est ça ? C’est ça oui. Sans sets.  

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