mardi 3 décembre 2013

Dépression saisonnière

              Même si vous ne l’imaginez pas, l’automne approche, à grands pas, avec son cortège de feuilles mortes, de couronnes mortuaires, de pierres tombales, de spleen et autres dépressions saisonnières. Aussi, afin de vous redonner la joie de vivre pendant qu’il en est encore temps, je vous propose de lire ceci : « J’aime la vie ! », se dit-il avant de se trancher les veines avec un couteau de survie de marque suisse ; mais il ripa sur sa planche à découper et débita en 807 rondelles régulières une blatte qui passait par là.


                « J’aime la vie ! », se dit-il au moment de se pointer un révolver sur la tempe ; mais il glissa et la balle fila, par la fenêtre — parcourant quelque 807 mètres à vol d’oiseau —, pour se loger dans la tête de Yoyo, le canari d’à côté. « Funeste accident de chasse ! », pensèrent ses propriétaires. 


               « J’aime la vie ! », se dit-il en approchant deux doigts d’une prise de courant ; mais il fut précédé de quelque 807 nanosecondes par Nono, son lapin nain tout heureux d’avoir rongé la rallonge de l'halogène. Pas de pot le lapin. « J’aime la vie ! », se dit-il en tendant une main tremblante vers le tube de barbituriques ; mais il tomba de l'étagère à pharmacie pour répandre son contenu sur la moquette. Socrate, son chien fidèle, en 807 coups de langue, se chargea de nettoyer les dégâts, avant de s’écrouler, bave aux babines, raide comme une saillie ! 


               « J’aime la vie ! », se dit-il en traversant la baie vitrée ouverte de son salon à l’instant où sa corpulente voisine marchait péniblement jusqu’à sa porte, numéro 807. Elle mourut sur le coup — coup du lapin — servant de moelleux coussin d’air à son aimable voisin. Finalement, il se dit que ce n’était pas le meilleur jour pour partir. Il recommencerait demain. On ne sait jamais, avec un peu de chance les nombres lui seront favorables.

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