lundi 29 septembre 2014

Toi, énigme de nos passés, soit maudite pour toutes les traces que tu as effacées....

     D'un talon sûr, elle écrasa la clef USB dont la frêle coque de plastique se disséqua sur le bitume dans un crissement bref. La femme voûtée allait enfin devenir elle-même. 
Toi, promesse d'un lendemain qui s'éclaircit, promets-moi de m'aider dans la transformation.... 
Elle sourit et entra dans un salon de beauté.
- Une couleur ? Avec ça ? Avec la belle nature de cheveux que vous avez ? Vous êtes sûre ? Vous préférez pas un petit balayage plutôt ? Il y a plein de tendances arty pop qui sont sorties et qu'on peut réaliser sur n'importe quelle chevelure !- Je préfèrerais quelque chose de classique, et surtout, que vous effaciez mes cheveux blancs. 

    Elle marchait bien droite, légère, souriante, ses cheveux désormais courts et blonds éclairant le visage détendu d'une femme sans passé lourd puisqu'on l'avait écrasé. Elle bifurqua pour traverser, rejoignant la rue Visconti, elle allait enfin pouvoir lui dire.

    Assis à son bureau, le regard hypnotisé par l'écran de l'ordinateur, il n'entendit d'abord pas la petite voix insistante :
- Papa, y'a une dame à la porte qui veut te parler. 


    Elle entra, il plissa légèrement les yeux - est-ce qu'on peut tout dire à l'homme qu'on aime ? est-ce qu'on peut tout faire à la femme qu'on quitte ? est-ce que les enfants gardent trace indélébile des amours qui s'exaspèrent et s'émerveillent et dont ils sont le fruit ? - et l'enfant, qui suçotait nonchalant une oreille de lapin en peluche qu'il tenait dans une main, de l'autre se saisit tranquille du bras de la dame pour qu'il vienne se reposer sur l'épaule de son Papa. Elle retint son souffle, 807 instants scintillaient dans son cœur.

- Bonjour, Jacques. 
Il ne la reconnaît pas dans l'instant, puis ça lui revient, il voulait trouver les mots, mais rien, rien, pas un seul.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire