samedi 17 octobre 2015

les fourmis de Noirmoutier

    Monsieur Chevillard, laissez-moi vous raconter à quel drôle de rituel nous nous adonnons chaque jour dans notre fourmilière du Bois de la Chaise, à Noirmoutier. 

    Le passant encore attentif aux merveilles et aux subtilités de la nature, ne manquera pas de constater, en longeant la cornette surplombant la baie de Bourgneuf, une fourmilière d’un genre nouveau dont l’activité principale se résume à l’élaboration d’un socle bien solide en votre honneur. Vous avez tant fait pour nous !

    Ce passant donc, les jours d’automne, se baladant dans la pinède, verra 807 fourmis, prosternées face à la mer, qui lèvent et abaissent leurs petites pattes en cadence, en prononçant dans un langage aisément compréhensibles pour les plus chevronnés : « cheuvi-cheu, cheuvi-cheu, chevillard… », et ainsi de suite « cheuvi-cheu, cheuvi-cheu, chevillard…. ».


    Constatez monsieur que nous faisons tout notre possible pour rétablir la relative injustice qui règne parfois dans le champ littéraire. Ces précisions sur notre mode de vie peuvent vous paraitre quelque peu dérisoires, nous le cautionnons. Il nous semblait cependant important de vous les signaler. Bien cordialement, à bientôt.

mercredi 30 septembre 2015

Le premier des Douze.


    Admirez ce profil de médaille, ce nez fin et busqué, cette bouche  mince éclairée d’un sourire confiant, ce  menton volontaire que souligne une courte  barbe rousse, cette chevelure soyeuse qui me boucle dans le cou, ce mollet ferme et galbé, ce genou rond que dénude le bas de ma robe - bleue,  n’est-ce pas, et non pas grise ou brune.





     Ne  me donnerait-on pas le bon Dieu sans confession ?



   La bourse que je tiens serrée entre mes doigts est bien moins remplie que celle que j’écrase entre mes cuisses avec la volonté de me faire mal. Là se situe ma vraie blessure, celle qui me fait gémir chaque nuit. Non que je sois chaste. Nous nous frottons les uns aux autres pour nous tenir chaud quand les vents glacés balaient les sables du désert. Mais c’est à Lui que je rêve, qui à défaut d’avoir quelqu’un, nous porte tous dans son cœur. Et maintenant,  laissez-moi  me concentrer sur cette scène qui fera de moi le premier des Douze. Car on me verra enfin, de face et en pleine lumière, mes pièces d’argent répandues par terre, autour de moi. Qu’on les foule du pied, qu’on me les jette à la figure, je m’en bats les couilles. Mais qu’on ne s’avise pas de  piétiner les 807  petites fleurs blanches de mon jardin d’amour. Et qu’on n’y envoie pas rôder les chiens.



jeudi 24 septembre 2015

page retrouvée de la Recherche


Quand j'arrivais chez les Swann et attendais sur le fauteuil dont l'odeur de poussière et de fleur réveillait en moi la douceur de l'attente de l'apparition de Gilberte, qu'interrompait avec un délice tout autre les interventions de Madame Swann pour me distraire, me faire patienter en me demandant si j'avais déjà mangé du cheesecake à la framboise et qu'il fallait absolument qu'elle s'en procure à nouveau chez elle ne savait plus quel pâtisserie des Champs-Élysées qui était en contact avec des new-yorkais charmants, il me semblait que cette attente aurait pu se renouveler huit cent sept fois à l'identique, exactement — le fauteuil, la surprise de sentir ce mélange unique de poussière et de fleur (et d'ailleurs, quelle fleur ? Certes pas l'aubépine mais une fleur toute proche, toute blanche, rare et fragile), la conversation légère et sans importance à laquelle d'ailleurs je ne répondais que par hochements de tête et murmures, tout occupé que j'étais à simplement profiter du moment même de l'attente, de la répétition de l'attente — de sorte que cette huit cent septième et ultime répétition allait m'offrir Gilberte comme la toute première fois où elle m'apparut ici, et non pas avec l'ennui de l'habitude qui a tendance à tasser les sentiments. 

mardi 3 mars 2015

Bruines létales.

photos Nosfermanu fantôme de la vie

Oublier éreinte quand on l'a décidé. Ce qui est cas maintenant. Oublier la terre, sa capture de nos pas. L’oublier pour ne pas l’honnir au point de ne plus marcher quand ne reste plus qu’à grimper à une quelconque cime et mater haut. Trouver indice de ciel, déclenchement muet qui déroulera l’océan des cumulus. Les paupières descendent dans leur obscurité en mi- teinte, dans le sillage du vent l’aube se renfrognerait tandis qu’évaporations.



Ploc ploc crisse la mousson hivernale, à moins qu’elle s’enlarme sous orages, le risque de pluie soufrée qui empeste et absorbe le peu d'oxygène stratosphérique.


Crispations hors-source dans les courants du vent, l'abandon inscrit sa promesse dans le premier souffle.
 

Floc 807 fois des bruines létales, ralentissent l’évaporation exacerbée des dégâts. L’aspiration venteuse disloque. Tout se précipite en vaincu au cap perdu, désastre impalpable des ombres englouties. Alarme vaine. Silence.

vendredi 30 janvier 2015

à l'orée de ce lac là

     Autant de ce délire flairé à ras... L'eau vaseuse entoure, non, elle enserre le lisse du fond du vallon, alors ça dort de ci de là, alors un floc sonore lacérera le calme miroir de ta surface où nulle trace. Où l'émotion de ce lieu émousse le son taré, l'avancée évitée où le fun de la muse, où ça désuni dans le cadre ? Sous la ramure, enfin sur l'ile – l'Entité, mais le lac ne délasse ...
photos Nosfermanu


     A l'orée de celui-là de lac, il verra, lui le fils de l'ombre... donc à l'orée vomie de la mine, l'influence floue de l'eau ne laissant moiteur émerger, l'orée mate le filoute flasque, ire moirée de cette onde, il filmera ras la surface amusante, verra l'arasé sans le délire étreint. Mare madrée, marre, marre...Et donc de ses foulées, enfouira les fils indicibles enlacés sans ruses. Mission trouilleuse : fondre l'allure infusée au-delà de sa tarée de vrilles.  Avalé dans les raclements du lac. Funédérailles.


Son effacement retord l'ombre flouée en méduse immense ; fils de l'ombre et de la flamme, serf ou elfe tapi au tatouage crasse derrière ces manutentions fluidifiées, ces lacets dénoués de tortues raflées en mode enflure, ces mammifères raturés et flapis ;


moins deus plus diablesses, in situ l'Entité attaquée en 807 cadences fallacieusement arasées, ossuaire assurément en vrac, race éteinte, ravalages vers ruines marécageuses. Au fond des failles son effondrement calamité, rêves ravalés de leurs limbes acides ; dentures tueuses accrocheuses en remontée de dessous la surface ; à donf fondre d'encagements

jeudi 22 janvier 2015

contorsions élastiques

    Avec une panique mécanique, Véronique astique son portique asiatique. Le hic, c'est la dynamique de Dominique. Dominique, c'est le flic qui trique Véronique mais qui lui pique tout son fric. Il est frénétique et sans éthique, elle est sympathique, mais par vengeance ce matin, elle lui a refilé ses tiques.

    Ses tiques le piquent au vif; il critique la pas très chic Véronique, prend des antibiotiques, puis, sans cette électrique colique, abdique et claudique une gymnastique pharmaceutique. 


    C'est parti pour une nouvelle crise épileptique autant que satanique, rien ne contient ses contorsions élastiques quand débarque Monique, une femme monolithique qui jalouse Véronique. 

    C'est le déclic : Dominique, pratique, prétexte un pique-nique au milieu des biques et, bisque bisque rage, claudique dehors avec la réplique des disques antiques de Véronique. La situation se complique lorsque Monique panique : "Sale trafic".

lundi 19 janvier 2015

la coke nuit gravement à la santé


    Cela faisait quinze minutes que Le Puma les chauffait. Quand les mecs du quartier des roses apparurent Mo La Taupe était chaud-bouillant, au point d'arracher involontairement les fils dénudés de l'embrayage la Corvette. Il se mit à jurer, montant dans les aigus comme un perroquet déchaîné, excité, drogué.


    Il avait rencard avec sa dealeuse au Tabou à minuit. Il débarqua dans le club lunaire et repréra Aline, toujours aussi pimpante, qui en était à sa troisième vodka stalingrad. Il s'approcha : « Tu veux une autre vodka, Aline ? ». Elle tituba sur ses Louboutin et lui répondit : « Oui mais pas ici, la musique est trop pourrie, j'ai horreur des synthétiseurs ». Il demanda à Aline si elle aimait le groupe Téléphone. elle acquiesça. Il lui proposa alors de venir chez lui car il en possédait tous les albums dans sa Cdthèque. Les murs de l'appartement de Mo La Taupe étaient recouverts de CD, classés par style, artiste, ordre alphabétique. Aline pensa avec horreur être tombée sur un tordu dont la passion pour la musique est soluble dans la maniaquerie. Quand, presque distraitement, elle ouvrit l'armoire à troll et que Balthazar en sortit elle comprit, un peu tard il est vrai, que l'hôte de ces lieux n'était pas qu'un fêlé mais un furieux fou. Son visage s'était couvert de 807 pustules dorées et il la fixait d'un oeil louche qui balayait l'espace comme un crabe circule sur un trottoir.



    Se débarrasser de cette créature à tout prix, survivre. Elle se baissa brutalement, son corps se repliant comme un trombone à coulisse, pour aller choper la kalachnikov sous la table. Elle glissa sur le parquet, attrapa l'arme et tira. Le monstre s'écroula. Elle avait gagné. Elle s'approcha du corps et le regarda attentivement. Il ressemblait davantage à un zombie. Elle souleva le corps vers le ciel en hurlant sa terreur afin que plus aucun zombie ne vienne la faire chier dans sa vie.